Édition du mardi 7 mai 2002
Le gouvernement Raffarin à l'épreuve de la politique de la ville
Le futur gouvernement va hériter du difficile dossier des banlieues et quartiers populaires, où se concentrent problèmes de logement, chômage et difficultés d'intégration à l'origine d'une montée de la délinquance, auxquels la politique de la ville tente depuis près de vingt ans d'apporter des solutions.
Par nature transversale, relevant de quasiment chaque ministère, de l'Intérieur au Logement, en passant par la Justice, l'Education ou le Social, la politique de la ville a un représentant au gouvernement depuis 1990. Elle est née il y a vingt ans après une flambée de violence aux Minguettes, à Vénissieux (Rhône), et la parution du rapport Dubedout, du nom du maire PS de Grenoble.
Au fil des années, les différents gouvernements, de droite comme de gauche, ont accumulé les dispositifs, lancé des plans "de relance", de "redynamisation". Pourtant, le nombre de quartiers dits en difficulté n'a cessé d'augmenter pour atteindre 1 300 et les problèmes de délinquance et d'insécurité sont aujourd'hui au premier rang des inquiétudes des Français.
Le nouveau gouvernement va prendre en route de nouveaux dispositifs. En premier lieu, les contrats de ville 2000-2006, que viennent de signer quelques 250 communes ou groupements de communes, et les contrats locaux de sécurité (CLS). C'est avec une assez grande unanimité que les élus, de droite comme de gauche, ont fait leurs ces contrats.
Les 50 grands projets de ville (GPV), également récemment désignés sur les sites les plus dégradés, après une large concertation, ne devraient pas être remis en cause, pas plus que le dispositif de renouvellement urbain, qui concerne une trentaine d'autres sites.
En revanche, la suppression des zones franches urbaines, créées en 1996 par le gouvernement d'Alain Juppé dans le cadre d'un vaste "plan de relance des banlieues", a fait grincer des dents de nombreux maires de droite qui pourraient plaider pour leur relance.
On soulignait lundi, dans les couloirs désertés du ministère délégué à la Ville, que la relance des zones franches était "impossible" dans le contexte européen.
"L'enjeu des années à venir, dit-on chez Claude Bartolone, ex-ministre délégué à la Ville, "c'est la montée en puissance des agglomérations qui doivent désormais prendre en charge la politique de la ville avec, à la clé, une meilleure répartition des rôles entre communes pauvres et communes riches".
Récemment votée par le Parlement après une résistance assez forte de l'opposition de droite, la loi de solidarité et renouvellement urbains n'a pas encore d'assise et son point essentiel, l'obligation de construction de 20% de logements sociaux, reste à être appliquée.
Elle se voulait le symbole d'une nouvelle solidarité entre communes, pour éviter que ne se renforce la ghettoïsation de certaines banlieues.
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